Ici, je suis toujours ailleurs
La pluie chaude de cinq heures
Prend des tôles à la pelle
Et gomme comme une liqueur
Les brulures du réel
Chape d’ennui, chopes de bière
Des hommes vendent et trainent des pneus
La latérite se fait poussière
En s’accrochant à leurs cheveux
Ici, je suis toujours ailleurs
Dans un champ qui dort en hiver
Là bas, je suis toujours en fleur
La neige épargne mes paupières
Des piments s’accrochent à la pierre
Les cactées aux balcons d’expat’
Et mon bonheur se désespère
Rougi par les rues écarlates
Les club-houses près des bidonvilles
Éclairent la route présidentielle
Et la forêt loin de la ville
S’enflamme en montant dans le ciel
Ici, je suis toujours ailleurs
Dans un champ qui craque en hiver
Là bas, j' n’aurais jamais eu peur
Des mines que prennent les chemins d' terre
Ici, je n’ai jamais d’ailleurs
Dans le moindre bruit je me perds
Partout, je suis toujours plusieurs…
Une affiche matraquée
Indique avril 84
Lettres blanchies tachées
Par le soleil et les massacres…
Depuis je vis,
Souvent je veille